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Psychologie

Le hockey, une religion?

22 novembre 2007

«Viens-tu chez moi pour regarder le match du Canadien contre Buffalo vendredi? – Non, j'ai un souper avec des amis. – Quoi? Tu ne vas pas manquer un match contre les Sabres de Buffalo pour un souper? – Ouais, moi aussi ça me fait mal au cœur, mais j'ai promis à ma blonde que je serais là. C'est la fête de Josiane, sa meilleure amie. – Dave et Frank vont être là, on va se faire livrer une pizza. – Ah non, peux-tu au moins m'appeler sur mon cellulaire quand ils vont compter? – Avec plaisir!»

Amateurs? Adeptes? Fanatiques? L'organisation du Canadien de Montréal serait-elle une secte dissimulée sous des allures d'équipe de hockey? Quels que soient les qualificatifs que nous choisissions de leur accoler, plusieurs partisans démontrent avec enthousiasme leur engouement pour cette équipe, qu'elle soit bonne ou mauvaise sur la glace. Étrange, me direz-vous? Devant ces dévots souvent aveuglés par leur foi, une question sérieuse (!) s'impose : le hockey serait-il une religion? Allons voir de plus près…

La religion

Une religion constitue l'ensemble des croyances, sentiments, dogmes et pratiques qui définissent les rapports de l'être humain avec le sacré ou la divinité. Une religion particulière est définie par les éléments spécifiques à une communauté de croyants : règles, objets sacrés, rites, cultes, sacrements, interdits, organisation, etc. La plupart des religions se sont développées à partir d'une révélation s'appuyant sur l'histoire exemplaire d'un peuple, d'un prophète ou d'un sage qui a enseigné un idéal de vie.

Le hockey

Le hockey met en scène un dualisme fondamental, générateur de sentiments viscéraux : la victoire de notre équipe (le bien) sur l'équipe adverse (le mal). Nos Canadiens, en plus de représenter le bien, se voient même régulièrement sanctifiés dans leur appellation familière : la Sainte-Flanelle. Les fidèles, présents lors de chaque match, se massent dans le temple du hockey qu'est devenu le centre Bell ou devant leur téléviseur pour nourrir avec avidité leur foi. Ils collectionnent les divers objets de culte marqués des couleurs de leurs favoris. Leur prophète : Maurice Richard, ce porteur d'espoir, digne représentant de l'idéal d'un peuple et de ces valeurs tant convoitées que sont la fierté, l'accomplissement et la détermination. Comme le disait Félix Leclerc : «Quand il lance, l'Amérique hurle, quand il compte, les sourds entendent […], c'est tout le Québec debout.» Tiens, tiens, un messie?

Question de besoins?

C'est bien connu, l'être humain ne fait rien pour rien. L'action vise généralement la réponse à des besoins. Mais à quels besoins peut répondre le hockey?

Le besoin d'appartenance. Le hockey propose à ses adeptes une union au sein d'une même communauté de ceux qui partagent une foi commune. Fondamentalement, l'être humain a besoin d'appartenir à un groupe, de s'associer à autrui, de sentir qu'il est rattaché à un réseau relationnel. Le sentiment d'appartenance devient alors un antidote au sentiment de solitude qui peut être ressenti dans une société souvent qualifiée d'individualiste. «Tous ensemble derrière nos Canadiens», c'est effectivement plutôt rassembleur!

L'estime de soi. Une partie de notre estime est constituée des groupes auxquels nous appartenons. Pourquoi alors ne pas choisir une équipe forte d'un passé glorieux?

L'engagement. Être un vrai partisan demande de l'engagement. Dans la victoire comme dans les moments plus difficiles, le vrai partisan demeure présent et croit de manière irraisonnée que son équipe triomphera. Il a la foi. Hum, pas très loin de la religion, tout ça! Somme toute, malgré les étonnantes similitudes, je ne crois pas ma démonstration assez consistante pour que le hockey se voie octroyer le titre de religion. Pourtant, devant ce constat, je vais continuer à prier pour que le Canadien gagne la coupe cette année! Bonne saison!

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation